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And the last post!
On the (mis)representation of Saint-Just in Terror! Robespierre and the French Revolution.

Read the manifesto.
FIRST POST: INTRODUCTION, PARTS I-III.
SECOND POST: PARTS IV-V, CONCLUSION.
Now, let’s conclude with the real words of Saint-Just, who was denied a voice, a defence and even a personality in this revolting docudrama.
Saint-Just’s Words:
Typed by
maelicia from his Oeuvres complètes (ed. Miguel Abensour, 2004). Translated in English by
estellacat.
PREMIER DISCOURS SUR LE JUGEMENT DE LOUIS XVI
13 novembre 1792
Un jour, peut-être, les hommes aussi éloignés de nos préjugés que nous le sommes de ceux des Vandales s’étonneront de la barbarie d’un siècle où ce fut quelque chose de religieux que de juger un tyran, où le peuple qui eut un tyran à juger l’éleva au rang de citoyen avant d’examiner ses crimes, songea plutôt à ce qu’on dirait de lui qu’à ce qu’il avait à faire, et d’un coupable de la dernière classe de l’humanité, je veux dire celle des oppresseurs, fit, pour ainsi dire, un martyr de son orgueil.
FIRST SPEECH ON THE JUDGMENT OF LOUIS XVI
13 November 1792
One day, perhaps, men as removed from our prejudices as we are from those of the Vandals will be surprised at the barbarity of a century when there was something religious about judging a tyrant, when the people who had a tyrant to judge elevated him to the rank of citizen before examining his crimes, considered rather what would be said of them than what they had to do, and, of an offender from the last class of humanity, by which I mean that of the oppressors, made, so to speak, a martyr to their pride.
DISCOURS SUR LES SUBSISTANCES
29 novembre 1792
Établissons notre république, donnons-nous des lois, n’attendons plus : que nous importent les jugements du monde ? Ne cherchons point la sagesse si loin de nous. Que nous serviraient les préceptes du monde, après la perte de la liberté ? Tandis que nous attendons le tribut des lumières des hommes, et que nous rêvons le spectacle de la liberté du globe, la faiblesse humaine, les abus en tous genres, le crime, l’ambition, l’erreur, la famine, qui n’ajournent pas leurs ravages, nous ramènent en triomphe à la servitude. On croirait que nous défions l’esclavage, en nous voyant exposer la liberté à tant d’écueils. Nous courons risque de nous perdre, si nous n’examinons pas enfin où nous en sommes, et quel est notre but.
SPEECH ON SUBSISTENCE
29 November 1792
Let us establish our republic, let us give laws, let us stop waiting; what do the world’s judgments matter to us? Let us not seek wisdom so far from us. What use would the world’s precepts be to us after the loss of liberty? While we await the tribute of men’s enlightenment, and dream of the spectacle of the liberty of the globe, human weakness, abuses of all kinds, crime, ambition, error, famine, which do not adjourn their ravages, bring us back to slavery in triumph. One would believe that we defy slavery, in seeing us expose liberty to so many pitfalls. We run the risk of destroying ourselves, if we do not at last examine where we are, and what our aim is.
SECOND DISCOURS SUR LE JUGEMENT DE LOUIS XVI
26 décembre 1792
Postérité ! tu béniras tes pères ; tu sauras alors ce qu’il leur en aura coûté pour être libres ; leur sang coule aujourd’hui sur la poussière que doivent animer tes générations affranchies ! Tout ce qui porte un cœur sensible sur la terre respectera notre courage : quel peuple aura jamais fait de plus grands sacrifices à la liberté ! Quel peuple a été plus trahi ! Quel peuple a moins été vengé ! Que le roi même interroge son cœur ; comment a-t-il traité dans sa puissance ce peuple, qui n’est que juste et qui n’est que grand aujourd’hui ? […] Défenseurs du roi, que nous demandez-vous pour lui ? S’il est innocent, le peuple est coupable.
SECOND SPEECH ON THE JUDGMENT OF LOUIS XVI
26 December 1792
Posterity! You will bless your fathers; you will know then what it cost them to be free; their blood flows today into the dust that must animate your emancipated generations! All on earth that bear a susceptible heart will respect our courage: what people will have ever made greater sacrifices for liberty! What people have been more betrayed! What people have been less avenged! Let the king himself ask his heart; how did he treat this people, who are only just and great today, when he was in power? […] Defenders of the king, what do you ask us for him? If he is innocent, the people are guilty.
DISCOURS SUR LES ATTRIBUTIONS DU MINISTRE DE LA GUERRE
28 janvier 1793
Le peuple n’a pas d’intérêt à faire la guerre. La puissance exécutrice trouve dans la guerre l’accroissement de son crédit ; elle lui fournit mille moyens d’usurper. C’est pourquoi mon dessein serait de vous proposer que le ministère militaire, détaché de la puissance exécutrice, ne dépendît que de vous seuls, et vous fût immédiatement soumis. Si vous voulez que votre institution soit durable, chez un peuple qui n’a plus d’ordres, vous ferez que le magistrat ne devienne point un ordre et une sorte de patriciat, en dirigeant les armes par sa volonté ; car la guerre n’a point de frein ni de règle présente dans les lois ; ses vicissitudes rendent tous ses actes des actes de volonté. Il est donc nécessaire qu’il n’y ait dans l’État qu’une seule volonté, et que celle qui fait des lois, commande les opérations de la guerre.
SPEECH ON THE ATTRIBUTIONS OF THE MINISTER OF WAR
28 January 1793
The people have no interest in making war. The executive power finds the growth of its credit in war; war gives it a thousand means of usurpation. That is why my design would be to propose to you that the military ministry, having been detached from the executive power, should depend on you alone, and should be immediately submitted to you. If you want your institution to be durable among a people who have no more orders, you will make it so the magistracy does not become an order and a sort of class of patricians by directing our arms by its will; for war has no break nor rule present in the law; its vicissitudes make all its acts into acts of will. It is therefore necessary that there be only one will in the State, and that the one which makes the laws should command the operations of war.
DISCOURS SUR LA RÉORGANISATION DE L’ARMÉE
11 février 1793
À parler dans le sens de cette faiblesse qui nous est restée de la monarchie, je sais bien qu’on peut m’opposer que l’instabilité de l’avancement militaire peut dégoûter les chefs ; qu’il peut porter les soldats à la licence, énerver la discipline et compromettre l’esprit de subordination. Mais toutes ces difficultés sont vaines ; il faut même faire violence aux mauvaises mœurs ; et les dompter : il faut d’abord vaincre l’armée, si vous voulez qu’elle vainque à son tour. Si le législateur ménage les difficultés, les difficultés l’entraînent ; s’il les attaque, il en triomphe au même instant. Je ne sais s’il faut moins d’audace pour être législateur que pour être conquérant : l’un ne combat que des hommes, l’autre combat l’erreur, le vice et le préjugé ; mais si l’un ou l’autre se laisse emporter à la faiblesse, il est perdu. C’est dans cet esprit seulement que vous pourrez conduire la Révolution à son terme. Je ne crains qu’une chose, c’est que la puissance du peuple français n’éprouve point, de la part de ses ennemis, ces obstacles vigoureux qui décident un peuple à la vertu. On ne fait pas les révolutions à moitié. Il me semble que vous êtes destinés à faire changer de face aux gouvernements de l’Europe ; vous ne devez plus vous reposer, qu’elle ne soit libre ; sa liberté garantira la vôtre. Il y a trois sortes d’infamies sur terre, avec lesquelles la vertu républicaine ne peut point composer : la première, ce sont les rois ; la seconde, c’est de leur obéir ; la troisième, c’est de poser les armes, s’il existe quelque part un maître et un esclave.
SPEECH ON THE REORGANIZATION OF THE ARMY
11 February 1793
By speaking of this weakness which has remained with us from the monarchy, I know well that the instability of military advancement may be used against me to disgust the leaders; that it may bring the soldiers to license, enervate discipline and compromise the spirit of subordination. But all these difficulties are hollow; we must even do violence to bad mores; and tame them: we must first vanquish the army if you want it to be victorious in its turn. If the legislator deals delicately with difficulties, the difficulties drag him along; if he attacks them, he triumphs over them at that same instant. I do not know if less daring is needed to be a legislator than to be a conqueror: the one combats only men, the other combats error, vice, and prejudice; but if either let themselves be swept off by weakness, he is lost. It is in that spirit alone that you will be able to lead the Revolution to its term. I fear only one thing: that the power of the French people will not experience those vigorous obstacles set them by their enemies that resolve a people to virtue. One does not make revolutions by half. It seems to me that you are destined to change the face of the governments of Europe; you must rest no more until it is free; its liberty will guarantee yours. There are three kinds of infamies on earth with which republican virtue cannot accommodate: the first is kings; the second is to obey them; the third is to lay down one’s arms when somewhere there exists a master and a slave.
DISCOURS SUR LA CONSTITUTION DE LA FRANCE
24 avril 1793
Tous les tyrans avaient les yeux sur nous, lorsque nous jugeâmes un de leurs pareils : aujourd’hui que, par un destin plus doux, vous méditez la liberté du monde, les peuples, qui sont les véritables grands de la terre, vont vous contempler à leur tour. […] Bientôt les nations éclairées feront le procès à ceux qui ont régné sur elles ; les rois fuiront dans les déserts, parmi les animaux féroces leurs semblables, et la nature reprendra ses droits. Tout cela doit être le fruit des lois que vous nous donnerez. Non, vous ne laisserez rien subsister qui soit un germe d’assujettissement et d’usurpation ; toutes les pierres sont taillées pour l’édifice de la liberté : vous lui pouvez bâtir un temple ou un tombeau des mêmes pierres.
SPEECH ON FRANCE’S CONSTITUTION
24 April 1793
Every tyrant had his eye on us when we judged one of their peers: today, when, by a gentler destiny, you meditate the liberty of the world, its peoples, who are the true great ones of the earth, are going to contemplate you in their turn. […] Soon the enlightened nations will try those who have reigned over them; the kings will flee into the wastelands, among the ferocious animals, their fellows, and nature will take back her rights. All that must be the fruit of the laws you give us. No, you will let no sprout of subjection and usurpation subsist; every stone has been cut for the edifice of liberty: you can build her a temple or a tomb with the same stones.
RAPPORT SUR LES TRENTE-DEUX MEMBRES DE LA CONVENTION…
8 juillet 1793
Quoi qu’il en soit, la liberté ne sera point terrible envers ceux qu’elle a désarmés, et qui se sont soumis aux lois ; proscrivez ceux qui nous ont fuis pour prendre les armes ; leur fuite atteste le peu de rigueur de leur détention. Proscrivez-les, non pour ce qu’ils ont dit, mais pour ce qu’ils ont fait ; jugez les autres, et pardonnez au plus grand nombre. L’erreur ne doit pas être confondue avec le crime, et vous n’aimez point à être sévères ; il est temps que le peuple espère enfin d’heureux jours, et que la liberté soit autre que la fureur de parti ; vous n’êtes point venus pour troubler la Terre, mais pour la consoler des longs malheurs de l’esclavage ; rétablissez la paix intérieure.
REPORT ON THE THIRTY-TWO MEMBERS OF THE CONVENTION
8 July 1793
However this may be, liberty will not be terrible towards those she has disarmed, and who have submitted themselves to the laws; proscribe those who have fled us to take up arms; their flight attests to the small rigor of their detention. Proscribe them, not for what they have said, but for what they have done; judge the others, and pardon the greater number. Error must not be confused with crime, and you do not like to be severe; it is time at last for the people to hope for happy days, and for liberty to be other than party furor; you did not come to trouble the Earth, but to console it for the long misfortunes of slavery; reestablish peace in the interior.
RAPPORT POUR L’APPROVISIONNEMENT DES SUBSISTANCES DES ARMÉES
9 août 1793
Il y aurait beaucoup de choses à vous dire sur les vices de notre économie, sur les causes des difficultés que nous éprouvons depuis longtemps dans l’approvisionnement. La plus funeste a été la concurrence de divers acheteurs, l’indépendance des fripons dans le monopole, la faculté qu’ont eue nos ennemis de se procureur beaucoup de notre papier et de se mettre partout en opposition avec nous.
REPORT FOR THE PROVISIONING OF THE ARMY IN FOODSTUFFS
9 August 1793
There are many things I could tell you on the vices of our economy, on the causes of the difficulties that we have long been experiencing in provisioning. The most disastrous has been the competition of diverse purchasers, the independence of rogues with monopolies, the faculty that our enemies have had of procuring much of our paper money and everywhere opposing us.
RAPPORT SUR LE GOUVERNEMENT
10 octobre 1793
Il est temps d’annoncer une vérité qui, désormais, ne doit plus sortir de la tête de ceux qui gouverneront ; la République ne sera fondée, que quand la volonté du souverain comprimera la minorité monarchique, et régnera sur elle par droit de conquête. Vous n’avez plus rien à ménager contre les ennemis du nouvel ordre des choses, et la liberté doit vaincre à tel prix que ce soit. […] Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement ; le vôtre vous a fait constamment la guerre avec impunité. […] Ceux qui font des révolutions dans le monde, ceux qui veulent faire le bien ne doivent dormir que dans le tombeau.
REPORT ON THE GOVERNMENT
10 October 1793
It is time to announce a truth which from now on must no longer leave the heads of those who govern; the Republic will only be founded when the will of the sovereign constricts the monarchical minority and reigns over it by right of conquest. You must no longer treat gently with the enemies of the new order of things, and liberty must be victorious at any price. […] A people have only one dangerous enemy: their government; yours has constantly made war on you with impunity. […] Those who make revolutions in the world, those who want to do good must sleep only in the tomb.
RAPPORT SUR LA LOI CONTRE LES ANGLAIS
16 octobre 1793
Il y a deux factions en Europe : celle des peuples, enfants de la nature ; et celle des rois, enfants du crime. Que l’Angleterre se réveille, nous sommes ses amis pour l’aider à se délivrer des rois. […] Le gouvernement anglais ne désire rien tant que de nous inspirer une modération qui ralentirait la fureur populaire, ou des mesures extravagantes qui perdraient l’État.
REPORT ON THE LAW AGAINST THE ENGLISH
16 October 1793
There are two factions in Europe: that of the peoples, children of nature; and that of the kings, children of crime. Should England awake, we will be its friends and help it to deliver itself from kings. […] The English government desires nothing so much as to inspire in us a moderation that would slow popular fury, or extravagant measures that would ruin the State.
MISSION AUPRÈS DE L’ARMÉE DU RHIN
1er du 2e mois an II (22 octobre 1793)
Au Comité de Salut Public :
Le plus pressant besoin de l’armée est un chef hardi et qui sache enflammer les troupes. Nous vous informerons de tous ceux qui sont sur la liste de Bouchotte. Des armes, des armes ! Envoyez-nous-en de Caen. Faites désarmer les villes dangereuses. Adieu.
Les Représentants du peuple envoyés etc. aux soldats de l’armée du Rhin :
Nous arrivons, et nous jurons au nom de l’armée que l’ennemi sera vaincu. S’il est parmi vous des traîtres ou des indifférents à la cause du peuple, nous apportons le glaive qui doit les frapper. Soldats ! nous venons venger et vous donner des chefs qui vous mènent à la victoire. Nous avons résolu de chercher, de récompenser, d’avancer le mérite et de poursuivre tous les crimes, quels que soient ceux qui les [ont] commis. Courage, brave armée du Rhin tu seras désormais heureuse et triomphante avec la liberté.
3 du 2e mois an II (24 octobre 1793)
Au Comité de salut public :
L’indiscipline tient à la mauvaise conduite des chefs. Nous avons pris, à cet égard, diverses mesures que les pièces jointes à cette lettre vous feront connaître. Il manque, surtout, à cette armée un chef vraiment républicain et qui croit à la victoire. Nous espérons trouver Pichegru ; il est à Huningue. (…) Il est indispensable de renforcer cette armée, faites partir en poste des sabres, des pistolets, des carabines pour les dépôts de cavalerie, et que dans douze jours, 2000 hommes de cavalerie soient rendus à Strasbourg.
MISSION WITH THE ARMY OF THE RHINE
1st day of the 2nd month of Year II (22 October 1793)
To the Committee of Public Safety:
The army’s most pressing need is a bold leader who knows how to enflame the troops. We will give you information about all those on Bouchotte’s list. Arms, arms! Send us some from Caen. Have the dangerous cities disarmed. Adieu.
The Representatives of the People sent etc. to the soldiers of the Army of the Rhine:
We will be arriving and we swear in the name of the army that the enemy will be defeated. If there are traitors or men indifferent to the people’s cause among you, we bring the sword which must strike them. Soldiers! We come to avenge you and give you leaders who will lead you to victory. We have resolved to seek out, to recompense, to advance merit and to pursue all crimes, whosoever has committed them. Courage, brave Army of the Rhine, from now on you will be happy and triumphant with liberty.
3rd day of the 2nd month of Year II (24 October 1793)
To the Committee of Public Safety:
The lack of discipline is due to the bad conduct of the leaders. In this regard we have taken diverse measures which the documents attached to this letter will make known to you. Above all this army lacks a truly republican leader who believes in victory. We hope to find Pichegru; he is at Huningue. […] It is indispensable that this army be reinforced; send sabers, pistols, carbines by post to the cavalry depots, and have 2000 cavalrymen sent to Strasbourg within twelve days.
RAPPORT SUR LES PERSONNES INCARCÉRÉES
8 ventôse an II (26 février 1794)
Vous avez voulu une République ; si vous ne vouliez point en même temps ce qui la constitue, elle ensevelirait le peuple sous ses débris. Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. On se plaint des mesures révolutionnaires ! Mais nous sommes des modérés, en comparaison de tous les autres gouvernements. […] Parcourez l’Europe : il y a dans l’Europe quatre millions de prisonniers, dont vous n’entendez pas les cris, tandis que votre modération parricide laisse triompher tous les ennemis de votre gouvernement. Insensés que nous sommes, nous mettons un luxe métaphysique dans l’étalage de nos principes, et les rois, mille fois plus cruels que nous, dorment dans le crime. Citoyens, par quelle illusion persuaderait-on que vous êtes inhumains ? Votre tribunal révolutionnaire a fait périr trois cents scélérats depuis un an : et l’Inquisition d’Espagne, n’en a-t-elle pas fait plus ? et pour quelle cause, grand Dieu ! Et les tribunaux d’Angleterre, n’ont-ils égorgé personne cette année ? […] Je vous ai dit qu’à la destruction de l’aristocratie le système de la République était lié. En effet, la force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avons point pensé. L’opulence est dans les mains d’un assez grand nombre d’ennemis de la Révolution ; les besoins mettent le peuple qui travaille dans la dépendance de ses ennemis. […] Abolissez la mendicité, qui déshonore un état libre ; les propriétés des patriotes sont sacrées, mais les biens des conspirateurs sont là pour tous les malheureux. Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maître aux gouvernements qui les négligent. […] Osez ! ce mot renferme toute la politique de notre révolution. […] Pour vous, détruisez le parti rebelle ; bronzez la liberté ; vengez les patriotes victimes de l’intrigue ; mettez le bon sens et la modestie à l’ordre du jour ; ne souffrez point qu’il y ait un malheureux ni un pauvre dans l’État : ce n’est qu’a ce prix que vous aurez fait une révolution et une République véritable. Eh ! qui vous saurait gré du malheur des bons et du bonheur des méchants ?
REPORT ON INCARCERATED PERSONS
8 Ventôse Year II (26 February 1794)
You wanted a Republic; if you did not want what constitutes one at the same time, it would shroud the people beneath its debris. What constitutes a Republic is the total destruction of that which is opposed to it. Some complain of revolutionary measures! But we are moderates in comparison with all the other governments. […] Travel Europe: there are four million prisoners in Europe, whose cries you do not hear, whilst your parricidal moderation lets all the enemies of your government triumph. Fools that we are, we put a metaphysical luxury in the display of our principles, and the kings, a thousand times crueler than we, sleep in crime. Citizens, by what illusion would you be persuaded that you are inhumane? Your Revolutionary Tribunal has caused three hundred villains to perish in the last year: and the Spanish Inquisition, did not it cause more deaths? And, Great God, for what a cause! And England’s tribunals, have they cut no one’s throat this year? […] I have told you that the system of the Republic was linked to the destruction of the aristocracy. In effect, the force of circumstance is bringing us to results which we have not considered. Opulence is in the hands of a rather large number of enemies of the Revolution; need makes the working people dependent on their enemies. […] Abolish mendacity, which dishonors a free state; the properties of patriots are sacred, but those of conspirators are for all the poor. The poor are the powers of the earth; they have the right to speak as masters to the governments which neglect them. […] Dare! That word contains all the politics of our revolution. […] For yourselves, destroy the rebellious party; make liberty bronze ; avenge patriots who have been victims of intrigue; put good sense and modesty on the order of the day; do not suffer that there should be an unfortunate or a poor man in the State; only at that price will you have made a revolution and a veritable Republic. Eh! Who would be grateful to you for the misfortune of the good and the happiness of the malicious?
RAPPORT SUR LES ENNEMIS DE LA RÉVOLUTION
13 ventôse an II (3 mars 1794)
Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propose l’amour des vertus et le bonheur ! Le bonheur est une idée neuve en Europe.
REPORT ON THE ENEMIES OF THE REVOLUTION
13 Ventôse Year II (3 March 1794)
Let Europe learn that you want neither a poor man nor an oppressor in French territory any longer; let this example be fruitful on earth; let it propose love of the virtues and happiness there! Happiness is a new idea in Europe.
RAPPORT SUR LES FACTIONS DE L’ÉTRANGER
23 ventôse an II (13 mars 1794)
Nous vous rendrons un compte honorable des périls dont nos devoirs nous auront environnés ; les conjurés bravent la vertu, nous les bravons eux-mêmes. Agrandissons nos âmes pour embrasser toute l'étendue du bonheur que nous devons au peuple français : tout ce qui porte un cœur sensible sur la terre respectera notre courage. On a le droit d'être audacieux, inébranlable, inflexible, lorsqu'on veut le bien.
Peuple, punis quiconque blessera la justice ; elle est la garantie du gouvernement libre : c'est la justice qui rend les hommes égaux. Les hommes corrompus sont esclaves les uns des autres ; c'est le droit du plus fort qui fait la loi entre les méchants. Que la justice et la probité soient à l'ordre du jour dans la république française ; le gouvernement désormais ne pardonnera plus de crimes. Peuple, n'écoute plus les voix indulgentes ni les voix insensées ; chéris la morale ; juge par toi-même ; soutiens tes défenseurs ; élève tes enfants dans la pudeur et dans l'amour de la patrie ; sois en paix avec toi-même, en guerre avec les rois, c'est pour te ralentir contre les rois qu'on veut te mettre en guerre avec toi-même. Quoi ! l'on a pu te destiner à languir sous un régence de tyrans qui t'aurait rendu les Bourbons ! Quoi ! tout le sang de tes enfants morts pour la liberté aurait été perdu ! Quoi ! tu n'aurais plus osé les pleurer ni prononcer leur nom ! La statue de la liberté aurait été détruite, et cette enceinte souillée par le reste impur des royalistes et des rebelles de la Vendée ! Les cendres de tes défenseurs auraient été jetées au vent ! Loin de toi ce tableau ! Ce n'est plus que le songe de la tyrannie ; la république est encore une fois sauvée. Prenez votre élan vers la gloire. Nous appelons à partager ce moment sublime tous les ennemis secrets de la tyrannie, qui, dans l'Europe et dans le monde, portent le couteau de Brutus sous leur habit.
REPORT ON THE FOREIGN FACTIONS
23 Ventôse Year II (13 March 1794)
We will give you an honorable account of the perils with which our duties will have surrounded us; the conspirators brave virtue; we brave them ourselves. Let us expand our souls to embrace the whole expanse of the happiness we owe to the French People: all that bear a tender heart will respect our courage. One has the right to be daring, unshakeable, inflexible, when one wishes well.
People, punish whoever harms justice; it is the guarantee of free government: it is justice that makes men equal. Corrupt men are each other’s slaves; among the malicious ‘might makes right’ writes the law. Let justice and probity be on the order of the day in the French Republic; from now on the government will no longer pardon crimes. People, listen no more to indulgent nor yet immoderate voices; cherish morality; judge for yourselves; support your defenders; raise your children in modesty and love for their homeland; be at peace with yourselves, at war with kings—they want to make you war with yourselves to slow your course against the kings. What! They could have destined you to languish under a regency of the tyrants who would have sent the Bourbons back to you! What! All the blood of your children who have died for liberty should have been lost! What! You should no longer have dared to weep for them or to pronounce their names! The statue of liberty should have been destroyed and these confines soiled by the impure remainder of the royalists and the rebels of the Vendée! The ashes of your defenders should have been thrown to the wind! Far from you, this table! It is no longer anything but the dream of tyranny; the republic has once more been saved. Take your enthusiasm towards glory. We call all the secret enemies of tyranny who, in Europe and in the world, bear Brutus’ knife beneath their clothes to share this sublime moment.
RAPPORT SUR HÉRAULT-SÉCHELLES ET SIMOND
27 ventôse an II (17 mars 1794)
Vous avez dit que la justice et la probité étaient à l’ordre du jour dans la république française : l’une et l’autre vous commandent une froideur inflexible envers tous les attentats ; si vous voulez établir la liberté, l’une et l’autre vous commandent d’immoler toute considération à l’intérêt public.
REPORT ON HÉRAULT-SÉCHELLES AND SIMOND
27 Ventôse Year II (17 March 1794)
You said that justice and probity were on the order of the day in the French Republic; both command an inflexible coolness toward all attacks; if you want to establish liberty, both command you to sacrifice all considerations to the public interest.
RAPPORT SUR LA CONJURATION
11 germinal an II (31 mars 1794)
Ce que nous avons dit ne sera jamais perdu sur la terre. On peut arracher à la vie des hommes qui, comme nous, ont tout osé pour la vérité ; on ne peut point leur arracher les cœurs, ni le tombeau hospitalier sous lequel ils se dérobent à l'esclavage et à la honte d'avoir laissé triompher les méchants.
REPORT ON THE CONSPIRACY
11 Germinal Year II (31 March 1794)
What we have said will never be lost on earth. One can take the lives of men who, like us, have dared everything for liberty; one cannot take their hearts, nor the hospitable tomb in which they steal away from the slavery and shame of having let the malicious triumph.
RAPPORT SUR LA POLICE GÉNÉRALE
26 germinal an II (15 avril 1794)
Formez les institutions civiles, les institutions auxquelles on n’a point pensé encore : il n’y a point de liberté durable sans elles. Elles soutiennent l’amour de la patrie et l’esprit révolutionnaire même, quand la révolution est passée. C’est par là que vous annoncerez la perfection de votre démocratie, que vous annoncerez la grandeur de vos vues, et que vous hâterez la perte de vos ennemis en les montrant difformes à côté de vous. Bientôt les nations éclairées feront le procès à la mémoire de ceux qui ont régné sur elles, et traîneront leurs ossements sur l’échafaud. L’Europe foulera aux pieds et la poussière et la mémoire des tyrans ; alors tout gouvernement qui ne sera point fondé sur la justice sera abhorré : l’esprit humain est aujourd’hui malade, et sa faiblesse produit le malheur, parce qu’elle souffre l’oppression. N’en doutez pas, tout ce qui existe autour de nous doit changer et finir, parce que tout ce qui existe autour de nous est injuste ; la victoire et la liberté couvriront le monde.
REPORT ON THE GENERAL POLICE
26 Germinal Year II (15 April 1794)
Form civil institutions, the institutions which have not yet been considered: there is no durable liberty without them. They support the love of our homeland and revolutionary spirit itself, when the revolution has passed. That is how you will announce the perfection of your democracy, the greatness of your views, and how you will hasten the ruin of your enemies by showing how deformed they are next to you. Soon the enlightened nations will try the memory of those who reigned over them, and will drag their remains onto the scaffold. Europe will trample both the dust and the memory of tyrants; then every government which is not founded on justice will be abhorred: the human spirit is sick today, and its weakness produces misfortune, because it suffers from oppression. Do not doubt it, everything that exists around us must change and end, because everything that exists around us is unjust; victory and liberty will cover the world.
DISCOURS DU 9 THERMIDOR AN II
La circonstance où je me trouve eût paru délicate et difficile à quiconque aurait eu quelque chose à se reprocher : on aurait craint le triomphe des factions, qui donne la mort ; mais, certes, ce serait quitter peu de chose qu'une vie dans laquelle il faudrait être ou le complice ou le témoin muet du mal. [...]
C'est pourquoi le vœu le plus tendre pour sa patrie que puisse faire un bon citoyen, le bienfait le plus doux qui puisse descendre des mains de la Providence sur un peuple libre, le fruit le plus précieux que puisse recueillir une nation généreuse de sa vertu, c'est la ruine, c'est la chute des factions. Quoi ! l'amitié s'est-elle envolée de la terre ? la jalousie présidera-t-elle aux mouvements du corps social ? et, par le prestige de la calomnie, perdra-t-on ses frères, parce qu'ils sont plus sages et plus magnanimes que nous ?
La renommée est un vain bruit. Prêtons l'oreille sur les siècles écoulés ; nous n'entendrons plus rien : ceux qui, dans d'autres temps, se promèneront parmi nos urnes, n'en entendront pas davantage : le bien, voilà ce qu'il faut faire, à quelque prix que ce soit, en préférant le titre de héros mort à celui de lâche vivant. […]
J’aime beaucoup qu’on nous annonce des victoires, mais je ne veux pas qu’elles deviennent des prétextes de vanité. On annonça la journée de Fleurus, et d’autres, qui n’en ont rien dit, étaient présents ; on a parlé de sièges, et d’autres qui n’en ont rien dit, étaient dans la tranchée. J’affirme que tout le mal est venu de ce que, sans que personne ne s’en doutât, toute l’autorité était tombée dans quelques mains qui ont voulu la conserver et l’augmenter par la ruine de tout ce qui pouvait réprimer la puissance arbitraire.
Je ne conclus pas contre ceux que j’ai nommés : je désire qu’ils se justifient, et que nous devenions plus sages.
SPEECH OF 9 THERMIDOR YEAR II
The circumstance in which I find myself would have seemed delicate and difficult to anyone who had something with which to reproach himself: one might have feared the triumph of the factions, which is death-dealing; but, certainly, leaving a life in which it was necessary to be either the accomplice or the silent witness of evil would not be leaving much.
That is why the most tender wish that a good citizen can make for his homeland, the sweetest blessing that can descend from the hands of Providence upon a free people, the most precious fruit that a generous nation can harvest of its virtue, is the ruin, is the fall of the factions. What! Should friendship have flown from the earth? Should jealousy preside over the movements of the body social? And should one lose one’s lost one’s brothers by the prestige of calumny because they are wiser and more magnanimous that us?
Renown is empty noise. Let us lend an ear to centuries past; we will no longer hear anything: those who will walk among our urns in other times will hear no more: good, that is what we must do, at any price, preferring the title of dead hero to living coward. […]
I much love it when victories are announced, but I do not want them to become pretexts for vanity. Some announced the day of Fleurus, and others, who said nothing, had been there; some spoke of sieges, and others, who said nothing, had been in the trenches. I affirm that all the evil has come from all authority falling, without anyone’s suspecting, into a few hands which wanted to keep it and augment it by the ruin of everything that could stamp our arbitrary power.
I do not conclude against those whom I have named: I desire that they justify themselves, and that we become wiser.
LES FRAGMENTS DES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES
FRAGMENTS OF THE REPUBLICAN INSTITUTIONS
J'avais aussi l'idée touchante que la mémoire d'un ami de l'humanité doit être chère un jour. Car enfin, l'homme obligé de s'isoler du monde et de lui-même jette son ancre dans l'avenir, et presse sur son cœur la postérité, innocente des maux présents...
I also had the touching idea that the memory of a friend of humanity must be dear one day. For, at last, the man who is obliged to isolate himself from the world and from himself casts his ancre into the future, and presses posterity to his heart, innocent of present ills…
Il est essentiel, dans les révolutions, où la perversité et la vertu jouent de si grands rôles, de prononcer très nettement tous les principes, toutes les définitions. Il arrive un moment où ceux qui ont le plus d'esprit et de politique l'emportent sur ceux qui ont le plus de patriotisme et de probité. Malheur à ceux qui vivent dans un temps où la vertu baisse les yeux, la rougeur sur le front, et passe pour le vice auprès du crime adroit ! Malheur à ceux qui vivent dans un temps où l'on persuade par la finesse de l'esprit, et où l'homme ingénu au milieu des factions est trouvé criminel, parce qu'il ne peut comprendre le crime ! Alors toute délibération cesse, parce que, dans son résultat, on ne trouve plus, et celui qui avait raison, et celui qui était dans l'erreur ; mais celui qui était le plus insolent et celui qui était le plus timide. Toute délibération cessant sur l'intérêt public, les volontés sont substituées au droit : voilà la tyrannie.
It is essential, in revolutions, where perversity and virtue play such big roles, to pronounce all principles and definitions very precisely. A moment comes when those with the most wit and expedience triumph over those with the most patriotism and probity. Woe to those who live in a time when virtue lowers her eyes, blushing, and passes for vice next to adroit crime! Woe to those who live in a time when one persuades by finesse of wit, and when the guileless man finds himself a criminal among the factions because he does not understand crime! Then all deliberation ceases, because, in its result, one no longer finds out who was right and who was in error; but who was more insolent and who more timid. All deliberation on the public interest ceasing, individual wills become substitutes for rights: that is tyranny.
Je n'aime point les mots nouveaux ; je ne connais que le juste et l'injuste ; ces mots sont entendus par toutes les consciences. Il faut ramener toutes les définitions à la conscience : l'esprit est un sophiste qui conduit les vertus à l'échafaud.
I do not like new words; I only know the just and the unjust; these words are heard by all consciences. All definitions must be returned to conscience: wit is a sophist that drives virtues to the scaffold.
Il est des imputations faites par l'esprit hypocrite, auxquelles l'homme sincère et innocent ne peut répondre. Il est tels hommes traités de dictateurs et d'ambitieux, qui dévorent en silence les outrages. Quel est le puissant, de celui qui traite impunément un homme de dictateur, ou de celui qui est traité ainsi ?...
There are imputations made by the hypocritical mind to which the sincere and innocent man cannot reply. There are such men who are called dictators, who are called ambitious, and who swallow these outrages in silence. Which is the powerful one, he who calls a man dictator with impunity or he who is thus called?
La patrie n’est point le sol, elle est la communauté des affections, qui fait que, chacun combattant pour le salut ou la liberté de ce qui lui est cher, la patrie se trouve défendue.
One’s homeland is not the ground; it is the community of affections which makes it so that, with each man fighting for the safety or the liberty of that which is dear to him, the homeland finds itself defended.
La révolution est glacée ; tous les principes sont affaiblis ; il ne reste que des bonnets rouges portés par l’intrigue.
The revolution is frozen; all principles have been weakened; nothing remains but bonnets rouges worn by intrigue.
L’exercice de la terreur a blasé le crime, comme les liqueurs fortes blasent le palais.
The exercise of terror has made crime impervious, as strong liquors dull the palate.
Sans doute, il n’est pas encore temps de faire le bien. Le bien particulier que l’on fait est un palliatif. Il faut attendre un mal général assez grand pour que l’opinion générale éprouve le besoin de mesures propres à faire le bien. Ce qui produit le bien général est toujours terrible, ou paraît bizarre lorsqu’on commence trop tôt.
Doubtless, it is not yet time to do good. The particular good that has been done is a palliative. A general evil large enough for general opinion to feel the need for measures suitable for doing good must be awaited. That which produces the general good is always terrible, or seems bizarre when started too soon.
La révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur et de la liberté publique par les lois. Ses élancements n’ont point d’autre objet, et doivent renverser tout ce qui s’y oppose ; et chaque période, chaque victoire sur le monarchisme, doit amener et consacrer une institution républicaine.
The revolution must end with the perfection of public happiness and liberty by the laws. Its pains have had no other object, and must overthrow everything that opposes that goal; and every time period, every victory over monarchism, must bring about and consecrate a republican institution.
On parle de la hauteur de la révolution : qui la fixera, cette hauteur ? Elle est mobile. Il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut.
Some speak of the height of the revolution: but who will fix this height? It moves. There have been free people who fell from the highest point.
Je méprise cette poussière qui me compose et qui vous parle ; on pourrait la persécuter et faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m’arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.
I despise this dust which composes me and which speaks to you; this dust could be persecuted and made to die. But I defy anyone to take from me the independent life that I have given myself in the centuries and in the skies.

Louis-Antoine Saint-Just, 25 August 1767 - 28 July 1794 (10 Thermidor Year II).
A Few References:
Hector Fleischmann, Robespierre et les femmes, Paris, Albin Michel, 1909, 400 pages.
Jean-Pierre Gross, « Saint-Just en mission. La naissance d’un mythe », Actes du colloque Saint-Just, Paris, Société des Études Robespierristes, 1968, p. 37-69.
Jean-Pierre Gross, Saint-Just, sa politique et ses missions, Paris, Bibliothèque nationale, 1976, 570 p.
Patrice Gueniffey, « Saint-Just, l’ange exterminateur », Les collections de L’Histoire : La Révolution française, la Liberté et la Terreur, no. 25, octobre-décembre 2004, p. 72.
Patrice Gueniffey, « Robespierre, itinéraire d’un tyran », L’Histoire, no. 177, mai 1994, p. 36-47.
John Hardman, Robespierre, Londres / New York, Longman, 1999 (2nd ed.: 2000), 236 p.
Marie-Hélène Huet, Mourning Glory: the Will of the French Revolution, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1997, 223 p.
Annie Jourdan, ed., Robespierre : figure-réputation, Amsterdam, Éditions Rodopi, « Annuaire d’études européennes-9 », 1996.
Albert Soboul, « Le mythe de Saint-Just (1767-1794) », Portraits de révolutionnaires, Paris, Messidor, 1986, p. 265-293.
Bernard Vinot, « Annexe : Saint-Just et l’histoire », Saint-Just, Paris, Fayard, 1985, p. 335-346.
Read the manifesto.
FIRST POST: INTRODUCTION, PARTS I-III.
SECOND POST: PARTS IV-V, CONCLUSION.
Now, let’s conclude with the real words of Saint-Just, who was denied a voice, a defence and even a personality in this revolting docudrama.
Saint-Just’s Words:
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PREMIER DISCOURS SUR LE JUGEMENT DE LOUIS XVI
13 novembre 1792
Un jour, peut-être, les hommes aussi éloignés de nos préjugés que nous le sommes de ceux des Vandales s’étonneront de la barbarie d’un siècle où ce fut quelque chose de religieux que de juger un tyran, où le peuple qui eut un tyran à juger l’éleva au rang de citoyen avant d’examiner ses crimes, songea plutôt à ce qu’on dirait de lui qu’à ce qu’il avait à faire, et d’un coupable de la dernière classe de l’humanité, je veux dire celle des oppresseurs, fit, pour ainsi dire, un martyr de son orgueil.
FIRST SPEECH ON THE JUDGMENT OF LOUIS XVI
13 November 1792
One day, perhaps, men as removed from our prejudices as we are from those of the Vandals will be surprised at the barbarity of a century when there was something religious about judging a tyrant, when the people who had a tyrant to judge elevated him to the rank of citizen before examining his crimes, considered rather what would be said of them than what they had to do, and, of an offender from the last class of humanity, by which I mean that of the oppressors, made, so to speak, a martyr to their pride.
DISCOURS SUR LES SUBSISTANCES
29 novembre 1792
Établissons notre république, donnons-nous des lois, n’attendons plus : que nous importent les jugements du monde ? Ne cherchons point la sagesse si loin de nous. Que nous serviraient les préceptes du monde, après la perte de la liberté ? Tandis que nous attendons le tribut des lumières des hommes, et que nous rêvons le spectacle de la liberté du globe, la faiblesse humaine, les abus en tous genres, le crime, l’ambition, l’erreur, la famine, qui n’ajournent pas leurs ravages, nous ramènent en triomphe à la servitude. On croirait que nous défions l’esclavage, en nous voyant exposer la liberté à tant d’écueils. Nous courons risque de nous perdre, si nous n’examinons pas enfin où nous en sommes, et quel est notre but.
SPEECH ON SUBSISTENCE
29 November 1792
Let us establish our republic, let us give laws, let us stop waiting; what do the world’s judgments matter to us? Let us not seek wisdom so far from us. What use would the world’s precepts be to us after the loss of liberty? While we await the tribute of men’s enlightenment, and dream of the spectacle of the liberty of the globe, human weakness, abuses of all kinds, crime, ambition, error, famine, which do not adjourn their ravages, bring us back to slavery in triumph. One would believe that we defy slavery, in seeing us expose liberty to so many pitfalls. We run the risk of destroying ourselves, if we do not at last examine where we are, and what our aim is.
SECOND DISCOURS SUR LE JUGEMENT DE LOUIS XVI
26 décembre 1792
Postérité ! tu béniras tes pères ; tu sauras alors ce qu’il leur en aura coûté pour être libres ; leur sang coule aujourd’hui sur la poussière que doivent animer tes générations affranchies ! Tout ce qui porte un cœur sensible sur la terre respectera notre courage : quel peuple aura jamais fait de plus grands sacrifices à la liberté ! Quel peuple a été plus trahi ! Quel peuple a moins été vengé ! Que le roi même interroge son cœur ; comment a-t-il traité dans sa puissance ce peuple, qui n’est que juste et qui n’est que grand aujourd’hui ? […] Défenseurs du roi, que nous demandez-vous pour lui ? S’il est innocent, le peuple est coupable.
SECOND SPEECH ON THE JUDGMENT OF LOUIS XVI
26 December 1792
Posterity! You will bless your fathers; you will know then what it cost them to be free; their blood flows today into the dust that must animate your emancipated generations! All on earth that bear a susceptible heart will respect our courage: what people will have ever made greater sacrifices for liberty! What people have been more betrayed! What people have been less avenged! Let the king himself ask his heart; how did he treat this people, who are only just and great today, when he was in power? […] Defenders of the king, what do you ask us for him? If he is innocent, the people are guilty.
DISCOURS SUR LES ATTRIBUTIONS DU MINISTRE DE LA GUERRE
28 janvier 1793
Le peuple n’a pas d’intérêt à faire la guerre. La puissance exécutrice trouve dans la guerre l’accroissement de son crédit ; elle lui fournit mille moyens d’usurper. C’est pourquoi mon dessein serait de vous proposer que le ministère militaire, détaché de la puissance exécutrice, ne dépendît que de vous seuls, et vous fût immédiatement soumis. Si vous voulez que votre institution soit durable, chez un peuple qui n’a plus d’ordres, vous ferez que le magistrat ne devienne point un ordre et une sorte de patriciat, en dirigeant les armes par sa volonté ; car la guerre n’a point de frein ni de règle présente dans les lois ; ses vicissitudes rendent tous ses actes des actes de volonté. Il est donc nécessaire qu’il n’y ait dans l’État qu’une seule volonté, et que celle qui fait des lois, commande les opérations de la guerre.
SPEECH ON THE ATTRIBUTIONS OF THE MINISTER OF WAR
28 January 1793
The people have no interest in making war. The executive power finds the growth of its credit in war; war gives it a thousand means of usurpation. That is why my design would be to propose to you that the military ministry, having been detached from the executive power, should depend on you alone, and should be immediately submitted to you. If you want your institution to be durable among a people who have no more orders, you will make it so the magistracy does not become an order and a sort of class of patricians by directing our arms by its will; for war has no break nor rule present in the law; its vicissitudes make all its acts into acts of will. It is therefore necessary that there be only one will in the State, and that the one which makes the laws should command the operations of war.
DISCOURS SUR LA RÉORGANISATION DE L’ARMÉE
11 février 1793
À parler dans le sens de cette faiblesse qui nous est restée de la monarchie, je sais bien qu’on peut m’opposer que l’instabilité de l’avancement militaire peut dégoûter les chefs ; qu’il peut porter les soldats à la licence, énerver la discipline et compromettre l’esprit de subordination. Mais toutes ces difficultés sont vaines ; il faut même faire violence aux mauvaises mœurs ; et les dompter : il faut d’abord vaincre l’armée, si vous voulez qu’elle vainque à son tour. Si le législateur ménage les difficultés, les difficultés l’entraînent ; s’il les attaque, il en triomphe au même instant. Je ne sais s’il faut moins d’audace pour être législateur que pour être conquérant : l’un ne combat que des hommes, l’autre combat l’erreur, le vice et le préjugé ; mais si l’un ou l’autre se laisse emporter à la faiblesse, il est perdu. C’est dans cet esprit seulement que vous pourrez conduire la Révolution à son terme. Je ne crains qu’une chose, c’est que la puissance du peuple français n’éprouve point, de la part de ses ennemis, ces obstacles vigoureux qui décident un peuple à la vertu. On ne fait pas les révolutions à moitié. Il me semble que vous êtes destinés à faire changer de face aux gouvernements de l’Europe ; vous ne devez plus vous reposer, qu’elle ne soit libre ; sa liberté garantira la vôtre. Il y a trois sortes d’infamies sur terre, avec lesquelles la vertu républicaine ne peut point composer : la première, ce sont les rois ; la seconde, c’est de leur obéir ; la troisième, c’est de poser les armes, s’il existe quelque part un maître et un esclave.
SPEECH ON THE REORGANIZATION OF THE ARMY
11 February 1793
By speaking of this weakness which has remained with us from the monarchy, I know well that the instability of military advancement may be used against me to disgust the leaders; that it may bring the soldiers to license, enervate discipline and compromise the spirit of subordination. But all these difficulties are hollow; we must even do violence to bad mores; and tame them: we must first vanquish the army if you want it to be victorious in its turn. If the legislator deals delicately with difficulties, the difficulties drag him along; if he attacks them, he triumphs over them at that same instant. I do not know if less daring is needed to be a legislator than to be a conqueror: the one combats only men, the other combats error, vice, and prejudice; but if either let themselves be swept off by weakness, he is lost. It is in that spirit alone that you will be able to lead the Revolution to its term. I fear only one thing: that the power of the French people will not experience those vigorous obstacles set them by their enemies that resolve a people to virtue. One does not make revolutions by half. It seems to me that you are destined to change the face of the governments of Europe; you must rest no more until it is free; its liberty will guarantee yours. There are three kinds of infamies on earth with which republican virtue cannot accommodate: the first is kings; the second is to obey them; the third is to lay down one’s arms when somewhere there exists a master and a slave.
DISCOURS SUR LA CONSTITUTION DE LA FRANCE
24 avril 1793
Tous les tyrans avaient les yeux sur nous, lorsque nous jugeâmes un de leurs pareils : aujourd’hui que, par un destin plus doux, vous méditez la liberté du monde, les peuples, qui sont les véritables grands de la terre, vont vous contempler à leur tour. […] Bientôt les nations éclairées feront le procès à ceux qui ont régné sur elles ; les rois fuiront dans les déserts, parmi les animaux féroces leurs semblables, et la nature reprendra ses droits. Tout cela doit être le fruit des lois que vous nous donnerez. Non, vous ne laisserez rien subsister qui soit un germe d’assujettissement et d’usurpation ; toutes les pierres sont taillées pour l’édifice de la liberté : vous lui pouvez bâtir un temple ou un tombeau des mêmes pierres.
SPEECH ON FRANCE’S CONSTITUTION
24 April 1793
Every tyrant had his eye on us when we judged one of their peers: today, when, by a gentler destiny, you meditate the liberty of the world, its peoples, who are the true great ones of the earth, are going to contemplate you in their turn. […] Soon the enlightened nations will try those who have reigned over them; the kings will flee into the wastelands, among the ferocious animals, their fellows, and nature will take back her rights. All that must be the fruit of the laws you give us. No, you will let no sprout of subjection and usurpation subsist; every stone has been cut for the edifice of liberty: you can build her a temple or a tomb with the same stones.
RAPPORT SUR LES TRENTE-DEUX MEMBRES DE LA CONVENTION…
8 juillet 1793
Quoi qu’il en soit, la liberté ne sera point terrible envers ceux qu’elle a désarmés, et qui se sont soumis aux lois ; proscrivez ceux qui nous ont fuis pour prendre les armes ; leur fuite atteste le peu de rigueur de leur détention. Proscrivez-les, non pour ce qu’ils ont dit, mais pour ce qu’ils ont fait ; jugez les autres, et pardonnez au plus grand nombre. L’erreur ne doit pas être confondue avec le crime, et vous n’aimez point à être sévères ; il est temps que le peuple espère enfin d’heureux jours, et que la liberté soit autre que la fureur de parti ; vous n’êtes point venus pour troubler la Terre, mais pour la consoler des longs malheurs de l’esclavage ; rétablissez la paix intérieure.
REPORT ON THE THIRTY-TWO MEMBERS OF THE CONVENTION
8 July 1793
However this may be, liberty will not be terrible towards those she has disarmed, and who have submitted themselves to the laws; proscribe those who have fled us to take up arms; their flight attests to the small rigor of their detention. Proscribe them, not for what they have said, but for what they have done; judge the others, and pardon the greater number. Error must not be confused with crime, and you do not like to be severe; it is time at last for the people to hope for happy days, and for liberty to be other than party furor; you did not come to trouble the Earth, but to console it for the long misfortunes of slavery; reestablish peace in the interior.
RAPPORT POUR L’APPROVISIONNEMENT DES SUBSISTANCES DES ARMÉES
9 août 1793
Il y aurait beaucoup de choses à vous dire sur les vices de notre économie, sur les causes des difficultés que nous éprouvons depuis longtemps dans l’approvisionnement. La plus funeste a été la concurrence de divers acheteurs, l’indépendance des fripons dans le monopole, la faculté qu’ont eue nos ennemis de se procureur beaucoup de notre papier et de se mettre partout en opposition avec nous.
REPORT FOR THE PROVISIONING OF THE ARMY IN FOODSTUFFS
9 August 1793
There are many things I could tell you on the vices of our economy, on the causes of the difficulties that we have long been experiencing in provisioning. The most disastrous has been the competition of diverse purchasers, the independence of rogues with monopolies, the faculty that our enemies have had of procuring much of our paper money and everywhere opposing us.
RAPPORT SUR LE GOUVERNEMENT
10 octobre 1793
Il est temps d’annoncer une vérité qui, désormais, ne doit plus sortir de la tête de ceux qui gouverneront ; la République ne sera fondée, que quand la volonté du souverain comprimera la minorité monarchique, et régnera sur elle par droit de conquête. Vous n’avez plus rien à ménager contre les ennemis du nouvel ordre des choses, et la liberté doit vaincre à tel prix que ce soit. […] Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement ; le vôtre vous a fait constamment la guerre avec impunité. […] Ceux qui font des révolutions dans le monde, ceux qui veulent faire le bien ne doivent dormir que dans le tombeau.
REPORT ON THE GOVERNMENT
10 October 1793
It is time to announce a truth which from now on must no longer leave the heads of those who govern; the Republic will only be founded when the will of the sovereign constricts the monarchical minority and reigns over it by right of conquest. You must no longer treat gently with the enemies of the new order of things, and liberty must be victorious at any price. […] A people have only one dangerous enemy: their government; yours has constantly made war on you with impunity. […] Those who make revolutions in the world, those who want to do good must sleep only in the tomb.
RAPPORT SUR LA LOI CONTRE LES ANGLAIS
16 octobre 1793
Il y a deux factions en Europe : celle des peuples, enfants de la nature ; et celle des rois, enfants du crime. Que l’Angleterre se réveille, nous sommes ses amis pour l’aider à se délivrer des rois. […] Le gouvernement anglais ne désire rien tant que de nous inspirer une modération qui ralentirait la fureur populaire, ou des mesures extravagantes qui perdraient l’État.
REPORT ON THE LAW AGAINST THE ENGLISH
16 October 1793
There are two factions in Europe: that of the peoples, children of nature; and that of the kings, children of crime. Should England awake, we will be its friends and help it to deliver itself from kings. […] The English government desires nothing so much as to inspire in us a moderation that would slow popular fury, or extravagant measures that would ruin the State.
MISSION AUPRÈS DE L’ARMÉE DU RHIN
1er du 2e mois an II (22 octobre 1793)
Au Comité de Salut Public :
Le plus pressant besoin de l’armée est un chef hardi et qui sache enflammer les troupes. Nous vous informerons de tous ceux qui sont sur la liste de Bouchotte. Des armes, des armes ! Envoyez-nous-en de Caen. Faites désarmer les villes dangereuses. Adieu.
Les Représentants du peuple envoyés etc. aux soldats de l’armée du Rhin :
Nous arrivons, et nous jurons au nom de l’armée que l’ennemi sera vaincu. S’il est parmi vous des traîtres ou des indifférents à la cause du peuple, nous apportons le glaive qui doit les frapper. Soldats ! nous venons venger et vous donner des chefs qui vous mènent à la victoire. Nous avons résolu de chercher, de récompenser, d’avancer le mérite et de poursuivre tous les crimes, quels que soient ceux qui les [ont] commis. Courage, brave armée du Rhin tu seras désormais heureuse et triomphante avec la liberté.
3 du 2e mois an II (24 octobre 1793)
Au Comité de salut public :
L’indiscipline tient à la mauvaise conduite des chefs. Nous avons pris, à cet égard, diverses mesures que les pièces jointes à cette lettre vous feront connaître. Il manque, surtout, à cette armée un chef vraiment républicain et qui croit à la victoire. Nous espérons trouver Pichegru ; il est à Huningue. (…) Il est indispensable de renforcer cette armée, faites partir en poste des sabres, des pistolets, des carabines pour les dépôts de cavalerie, et que dans douze jours, 2000 hommes de cavalerie soient rendus à Strasbourg.
MISSION WITH THE ARMY OF THE RHINE
1st day of the 2nd month of Year II (22 October 1793)
To the Committee of Public Safety:
The army’s most pressing need is a bold leader who knows how to enflame the troops. We will give you information about all those on Bouchotte’s list. Arms, arms! Send us some from Caen. Have the dangerous cities disarmed. Adieu.
The Representatives of the People sent etc. to the soldiers of the Army of the Rhine:
We will be arriving and we swear in the name of the army that the enemy will be defeated. If there are traitors or men indifferent to the people’s cause among you, we bring the sword which must strike them. Soldiers! We come to avenge you and give you leaders who will lead you to victory. We have resolved to seek out, to recompense, to advance merit and to pursue all crimes, whosoever has committed them. Courage, brave Army of the Rhine, from now on you will be happy and triumphant with liberty.
3rd day of the 2nd month of Year II (24 October 1793)
To the Committee of Public Safety:
The lack of discipline is due to the bad conduct of the leaders. In this regard we have taken diverse measures which the documents attached to this letter will make known to you. Above all this army lacks a truly republican leader who believes in victory. We hope to find Pichegru; he is at Huningue. […] It is indispensable that this army be reinforced; send sabers, pistols, carbines by post to the cavalry depots, and have 2000 cavalrymen sent to Strasbourg within twelve days.
RAPPORT SUR LES PERSONNES INCARCÉRÉES
8 ventôse an II (26 février 1794)
Vous avez voulu une République ; si vous ne vouliez point en même temps ce qui la constitue, elle ensevelirait le peuple sous ses débris. Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. On se plaint des mesures révolutionnaires ! Mais nous sommes des modérés, en comparaison de tous les autres gouvernements. […] Parcourez l’Europe : il y a dans l’Europe quatre millions de prisonniers, dont vous n’entendez pas les cris, tandis que votre modération parricide laisse triompher tous les ennemis de votre gouvernement. Insensés que nous sommes, nous mettons un luxe métaphysique dans l’étalage de nos principes, et les rois, mille fois plus cruels que nous, dorment dans le crime. Citoyens, par quelle illusion persuaderait-on que vous êtes inhumains ? Votre tribunal révolutionnaire a fait périr trois cents scélérats depuis un an : et l’Inquisition d’Espagne, n’en a-t-elle pas fait plus ? et pour quelle cause, grand Dieu ! Et les tribunaux d’Angleterre, n’ont-ils égorgé personne cette année ? […] Je vous ai dit qu’à la destruction de l’aristocratie le système de la République était lié. En effet, la force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avons point pensé. L’opulence est dans les mains d’un assez grand nombre d’ennemis de la Révolution ; les besoins mettent le peuple qui travaille dans la dépendance de ses ennemis. […] Abolissez la mendicité, qui déshonore un état libre ; les propriétés des patriotes sont sacrées, mais les biens des conspirateurs sont là pour tous les malheureux. Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maître aux gouvernements qui les négligent. […] Osez ! ce mot renferme toute la politique de notre révolution. […] Pour vous, détruisez le parti rebelle ; bronzez la liberté ; vengez les patriotes victimes de l’intrigue ; mettez le bon sens et la modestie à l’ordre du jour ; ne souffrez point qu’il y ait un malheureux ni un pauvre dans l’État : ce n’est qu’a ce prix que vous aurez fait une révolution et une République véritable. Eh ! qui vous saurait gré du malheur des bons et du bonheur des méchants ?
REPORT ON INCARCERATED PERSONS
8 Ventôse Year II (26 February 1794)
You wanted a Republic; if you did not want what constitutes one at the same time, it would shroud the people beneath its debris. What constitutes a Republic is the total destruction of that which is opposed to it. Some complain of revolutionary measures! But we are moderates in comparison with all the other governments. […] Travel Europe: there are four million prisoners in Europe, whose cries you do not hear, whilst your parricidal moderation lets all the enemies of your government triumph. Fools that we are, we put a metaphysical luxury in the display of our principles, and the kings, a thousand times crueler than we, sleep in crime. Citizens, by what illusion would you be persuaded that you are inhumane? Your Revolutionary Tribunal has caused three hundred villains to perish in the last year: and the Spanish Inquisition, did not it cause more deaths? And, Great God, for what a cause! And England’s tribunals, have they cut no one’s throat this year? […] I have told you that the system of the Republic was linked to the destruction of the aristocracy. In effect, the force of circumstance is bringing us to results which we have not considered. Opulence is in the hands of a rather large number of enemies of the Revolution; need makes the working people dependent on their enemies. […] Abolish mendacity, which dishonors a free state; the properties of patriots are sacred, but those of conspirators are for all the poor. The poor are the powers of the earth; they have the right to speak as masters to the governments which neglect them. […] Dare! That word contains all the politics of our revolution. […] For yourselves, destroy the rebellious party; make liberty bronze ; avenge patriots who have been victims of intrigue; put good sense and modesty on the order of the day; do not suffer that there should be an unfortunate or a poor man in the State; only at that price will you have made a revolution and a veritable Republic. Eh! Who would be grateful to you for the misfortune of the good and the happiness of the malicious?
RAPPORT SUR LES ENNEMIS DE LA RÉVOLUTION
13 ventôse an II (3 mars 1794)
Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propose l’amour des vertus et le bonheur ! Le bonheur est une idée neuve en Europe.
REPORT ON THE ENEMIES OF THE REVOLUTION
13 Ventôse Year II (3 March 1794)
Let Europe learn that you want neither a poor man nor an oppressor in French territory any longer; let this example be fruitful on earth; let it propose love of the virtues and happiness there! Happiness is a new idea in Europe.
RAPPORT SUR LES FACTIONS DE L’ÉTRANGER
23 ventôse an II (13 mars 1794)
Nous vous rendrons un compte honorable des périls dont nos devoirs nous auront environnés ; les conjurés bravent la vertu, nous les bravons eux-mêmes. Agrandissons nos âmes pour embrasser toute l'étendue du bonheur que nous devons au peuple français : tout ce qui porte un cœur sensible sur la terre respectera notre courage. On a le droit d'être audacieux, inébranlable, inflexible, lorsqu'on veut le bien.
Peuple, punis quiconque blessera la justice ; elle est la garantie du gouvernement libre : c'est la justice qui rend les hommes égaux. Les hommes corrompus sont esclaves les uns des autres ; c'est le droit du plus fort qui fait la loi entre les méchants. Que la justice et la probité soient à l'ordre du jour dans la république française ; le gouvernement désormais ne pardonnera plus de crimes. Peuple, n'écoute plus les voix indulgentes ni les voix insensées ; chéris la morale ; juge par toi-même ; soutiens tes défenseurs ; élève tes enfants dans la pudeur et dans l'amour de la patrie ; sois en paix avec toi-même, en guerre avec les rois, c'est pour te ralentir contre les rois qu'on veut te mettre en guerre avec toi-même. Quoi ! l'on a pu te destiner à languir sous un régence de tyrans qui t'aurait rendu les Bourbons ! Quoi ! tout le sang de tes enfants morts pour la liberté aurait été perdu ! Quoi ! tu n'aurais plus osé les pleurer ni prononcer leur nom ! La statue de la liberté aurait été détruite, et cette enceinte souillée par le reste impur des royalistes et des rebelles de la Vendée ! Les cendres de tes défenseurs auraient été jetées au vent ! Loin de toi ce tableau ! Ce n'est plus que le songe de la tyrannie ; la république est encore une fois sauvée. Prenez votre élan vers la gloire. Nous appelons à partager ce moment sublime tous les ennemis secrets de la tyrannie, qui, dans l'Europe et dans le monde, portent le couteau de Brutus sous leur habit.
REPORT ON THE FOREIGN FACTIONS
23 Ventôse Year II (13 March 1794)
We will give you an honorable account of the perils with which our duties will have surrounded us; the conspirators brave virtue; we brave them ourselves. Let us expand our souls to embrace the whole expanse of the happiness we owe to the French People: all that bear a tender heart will respect our courage. One has the right to be daring, unshakeable, inflexible, when one wishes well.
People, punish whoever harms justice; it is the guarantee of free government: it is justice that makes men equal. Corrupt men are each other’s slaves; among the malicious ‘might makes right’ writes the law. Let justice and probity be on the order of the day in the French Republic; from now on the government will no longer pardon crimes. People, listen no more to indulgent nor yet immoderate voices; cherish morality; judge for yourselves; support your defenders; raise your children in modesty and love for their homeland; be at peace with yourselves, at war with kings—they want to make you war with yourselves to slow your course against the kings. What! They could have destined you to languish under a regency of the tyrants who would have sent the Bourbons back to you! What! All the blood of your children who have died for liberty should have been lost! What! You should no longer have dared to weep for them or to pronounce their names! The statue of liberty should have been destroyed and these confines soiled by the impure remainder of the royalists and the rebels of the Vendée! The ashes of your defenders should have been thrown to the wind! Far from you, this table! It is no longer anything but the dream of tyranny; the republic has once more been saved. Take your enthusiasm towards glory. We call all the secret enemies of tyranny who, in Europe and in the world, bear Brutus’ knife beneath their clothes to share this sublime moment.
RAPPORT SUR HÉRAULT-SÉCHELLES ET SIMOND
27 ventôse an II (17 mars 1794)
Vous avez dit que la justice et la probité étaient à l’ordre du jour dans la république française : l’une et l’autre vous commandent une froideur inflexible envers tous les attentats ; si vous voulez établir la liberté, l’une et l’autre vous commandent d’immoler toute considération à l’intérêt public.
REPORT ON HÉRAULT-SÉCHELLES AND SIMOND
27 Ventôse Year II (17 March 1794)
You said that justice and probity were on the order of the day in the French Republic; both command an inflexible coolness toward all attacks; if you want to establish liberty, both command you to sacrifice all considerations to the public interest.
RAPPORT SUR LA CONJURATION
11 germinal an II (31 mars 1794)
Ce que nous avons dit ne sera jamais perdu sur la terre. On peut arracher à la vie des hommes qui, comme nous, ont tout osé pour la vérité ; on ne peut point leur arracher les cœurs, ni le tombeau hospitalier sous lequel ils se dérobent à l'esclavage et à la honte d'avoir laissé triompher les méchants.
REPORT ON THE CONSPIRACY
11 Germinal Year II (31 March 1794)
What we have said will never be lost on earth. One can take the lives of men who, like us, have dared everything for liberty; one cannot take their hearts, nor the hospitable tomb in which they steal away from the slavery and shame of having let the malicious triumph.
RAPPORT SUR LA POLICE GÉNÉRALE
26 germinal an II (15 avril 1794)
Formez les institutions civiles, les institutions auxquelles on n’a point pensé encore : il n’y a point de liberté durable sans elles. Elles soutiennent l’amour de la patrie et l’esprit révolutionnaire même, quand la révolution est passée. C’est par là que vous annoncerez la perfection de votre démocratie, que vous annoncerez la grandeur de vos vues, et que vous hâterez la perte de vos ennemis en les montrant difformes à côté de vous. Bientôt les nations éclairées feront le procès à la mémoire de ceux qui ont régné sur elles, et traîneront leurs ossements sur l’échafaud. L’Europe foulera aux pieds et la poussière et la mémoire des tyrans ; alors tout gouvernement qui ne sera point fondé sur la justice sera abhorré : l’esprit humain est aujourd’hui malade, et sa faiblesse produit le malheur, parce qu’elle souffre l’oppression. N’en doutez pas, tout ce qui existe autour de nous doit changer et finir, parce que tout ce qui existe autour de nous est injuste ; la victoire et la liberté couvriront le monde.
REPORT ON THE GENERAL POLICE
26 Germinal Year II (15 April 1794)
Form civil institutions, the institutions which have not yet been considered: there is no durable liberty without them. They support the love of our homeland and revolutionary spirit itself, when the revolution has passed. That is how you will announce the perfection of your democracy, the greatness of your views, and how you will hasten the ruin of your enemies by showing how deformed they are next to you. Soon the enlightened nations will try the memory of those who reigned over them, and will drag their remains onto the scaffold. Europe will trample both the dust and the memory of tyrants; then every government which is not founded on justice will be abhorred: the human spirit is sick today, and its weakness produces misfortune, because it suffers from oppression. Do not doubt it, everything that exists around us must change and end, because everything that exists around us is unjust; victory and liberty will cover the world.
DISCOURS DU 9 THERMIDOR AN II
La circonstance où je me trouve eût paru délicate et difficile à quiconque aurait eu quelque chose à se reprocher : on aurait craint le triomphe des factions, qui donne la mort ; mais, certes, ce serait quitter peu de chose qu'une vie dans laquelle il faudrait être ou le complice ou le témoin muet du mal. [...]
C'est pourquoi le vœu le plus tendre pour sa patrie que puisse faire un bon citoyen, le bienfait le plus doux qui puisse descendre des mains de la Providence sur un peuple libre, le fruit le plus précieux que puisse recueillir une nation généreuse de sa vertu, c'est la ruine, c'est la chute des factions. Quoi ! l'amitié s'est-elle envolée de la terre ? la jalousie présidera-t-elle aux mouvements du corps social ? et, par le prestige de la calomnie, perdra-t-on ses frères, parce qu'ils sont plus sages et plus magnanimes que nous ?
La renommée est un vain bruit. Prêtons l'oreille sur les siècles écoulés ; nous n'entendrons plus rien : ceux qui, dans d'autres temps, se promèneront parmi nos urnes, n'en entendront pas davantage : le bien, voilà ce qu'il faut faire, à quelque prix que ce soit, en préférant le titre de héros mort à celui de lâche vivant. […]
J’aime beaucoup qu’on nous annonce des victoires, mais je ne veux pas qu’elles deviennent des prétextes de vanité. On annonça la journée de Fleurus, et d’autres, qui n’en ont rien dit, étaient présents ; on a parlé de sièges, et d’autres qui n’en ont rien dit, étaient dans la tranchée. J’affirme que tout le mal est venu de ce que, sans que personne ne s’en doutât, toute l’autorité était tombée dans quelques mains qui ont voulu la conserver et l’augmenter par la ruine de tout ce qui pouvait réprimer la puissance arbitraire.
Je ne conclus pas contre ceux que j’ai nommés : je désire qu’ils se justifient, et que nous devenions plus sages.
SPEECH OF 9 THERMIDOR YEAR II
The circumstance in which I find myself would have seemed delicate and difficult to anyone who had something with which to reproach himself: one might have feared the triumph of the factions, which is death-dealing; but, certainly, leaving a life in which it was necessary to be either the accomplice or the silent witness of evil would not be leaving much.
That is why the most tender wish that a good citizen can make for his homeland, the sweetest blessing that can descend from the hands of Providence upon a free people, the most precious fruit that a generous nation can harvest of its virtue, is the ruin, is the fall of the factions. What! Should friendship have flown from the earth? Should jealousy preside over the movements of the body social? And should one lose one’s lost one’s brothers by the prestige of calumny because they are wiser and more magnanimous that us?
Renown is empty noise. Let us lend an ear to centuries past; we will no longer hear anything: those who will walk among our urns in other times will hear no more: good, that is what we must do, at any price, preferring the title of dead hero to living coward. […]
I much love it when victories are announced, but I do not want them to become pretexts for vanity. Some announced the day of Fleurus, and others, who said nothing, had been there; some spoke of sieges, and others, who said nothing, had been in the trenches. I affirm that all the evil has come from all authority falling, without anyone’s suspecting, into a few hands which wanted to keep it and augment it by the ruin of everything that could stamp our arbitrary power.
I do not conclude against those whom I have named: I desire that they justify themselves, and that we become wiser.
LES FRAGMENTS DES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES
FRAGMENTS OF THE REPUBLICAN INSTITUTIONS
J'avais aussi l'idée touchante que la mémoire d'un ami de l'humanité doit être chère un jour. Car enfin, l'homme obligé de s'isoler du monde et de lui-même jette son ancre dans l'avenir, et presse sur son cœur la postérité, innocente des maux présents...
I also had the touching idea that the memory of a friend of humanity must be dear one day. For, at last, the man who is obliged to isolate himself from the world and from himself casts his ancre into the future, and presses posterity to his heart, innocent of present ills…
Il est essentiel, dans les révolutions, où la perversité et la vertu jouent de si grands rôles, de prononcer très nettement tous les principes, toutes les définitions. Il arrive un moment où ceux qui ont le plus d'esprit et de politique l'emportent sur ceux qui ont le plus de patriotisme et de probité. Malheur à ceux qui vivent dans un temps où la vertu baisse les yeux, la rougeur sur le front, et passe pour le vice auprès du crime adroit ! Malheur à ceux qui vivent dans un temps où l'on persuade par la finesse de l'esprit, et où l'homme ingénu au milieu des factions est trouvé criminel, parce qu'il ne peut comprendre le crime ! Alors toute délibération cesse, parce que, dans son résultat, on ne trouve plus, et celui qui avait raison, et celui qui était dans l'erreur ; mais celui qui était le plus insolent et celui qui était le plus timide. Toute délibération cessant sur l'intérêt public, les volontés sont substituées au droit : voilà la tyrannie.
It is essential, in revolutions, where perversity and virtue play such big roles, to pronounce all principles and definitions very precisely. A moment comes when those with the most wit and expedience triumph over those with the most patriotism and probity. Woe to those who live in a time when virtue lowers her eyes, blushing, and passes for vice next to adroit crime! Woe to those who live in a time when one persuades by finesse of wit, and when the guileless man finds himself a criminal among the factions because he does not understand crime! Then all deliberation ceases, because, in its result, one no longer finds out who was right and who was in error; but who was more insolent and who more timid. All deliberation on the public interest ceasing, individual wills become substitutes for rights: that is tyranny.
Je n'aime point les mots nouveaux ; je ne connais que le juste et l'injuste ; ces mots sont entendus par toutes les consciences. Il faut ramener toutes les définitions à la conscience : l'esprit est un sophiste qui conduit les vertus à l'échafaud.
I do not like new words; I only know the just and the unjust; these words are heard by all consciences. All definitions must be returned to conscience: wit is a sophist that drives virtues to the scaffold.
Il est des imputations faites par l'esprit hypocrite, auxquelles l'homme sincère et innocent ne peut répondre. Il est tels hommes traités de dictateurs et d'ambitieux, qui dévorent en silence les outrages. Quel est le puissant, de celui qui traite impunément un homme de dictateur, ou de celui qui est traité ainsi ?...
There are imputations made by the hypocritical mind to which the sincere and innocent man cannot reply. There are such men who are called dictators, who are called ambitious, and who swallow these outrages in silence. Which is the powerful one, he who calls a man dictator with impunity or he who is thus called?
La patrie n’est point le sol, elle est la communauté des affections, qui fait que, chacun combattant pour le salut ou la liberté de ce qui lui est cher, la patrie se trouve défendue.
One’s homeland is not the ground; it is the community of affections which makes it so that, with each man fighting for the safety or the liberty of that which is dear to him, the homeland finds itself defended.
La révolution est glacée ; tous les principes sont affaiblis ; il ne reste que des bonnets rouges portés par l’intrigue.
The revolution is frozen; all principles have been weakened; nothing remains but bonnets rouges worn by intrigue.
L’exercice de la terreur a blasé le crime, comme les liqueurs fortes blasent le palais.
The exercise of terror has made crime impervious, as strong liquors dull the palate.
Sans doute, il n’est pas encore temps de faire le bien. Le bien particulier que l’on fait est un palliatif. Il faut attendre un mal général assez grand pour que l’opinion générale éprouve le besoin de mesures propres à faire le bien. Ce qui produit le bien général est toujours terrible, ou paraît bizarre lorsqu’on commence trop tôt.
Doubtless, it is not yet time to do good. The particular good that has been done is a palliative. A general evil large enough for general opinion to feel the need for measures suitable for doing good must be awaited. That which produces the general good is always terrible, or seems bizarre when started too soon.
La révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur et de la liberté publique par les lois. Ses élancements n’ont point d’autre objet, et doivent renverser tout ce qui s’y oppose ; et chaque période, chaque victoire sur le monarchisme, doit amener et consacrer une institution républicaine.
The revolution must end with the perfection of public happiness and liberty by the laws. Its pains have had no other object, and must overthrow everything that opposes that goal; and every time period, every victory over monarchism, must bring about and consecrate a republican institution.
On parle de la hauteur de la révolution : qui la fixera, cette hauteur ? Elle est mobile. Il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut.
Some speak of the height of the revolution: but who will fix this height? It moves. There have been free people who fell from the highest point.
Je méprise cette poussière qui me compose et qui vous parle ; on pourrait la persécuter et faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m’arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.
I despise this dust which composes me and which speaks to you; this dust could be persecuted and made to die. But I defy anyone to take from me the independent life that I have given myself in the centuries and in the skies.
Louis-Antoine Saint-Just, 25 August 1767 - 28 July 1794 (10 Thermidor Year II).
A Few References:
Hector Fleischmann, Robespierre et les femmes, Paris, Albin Michel, 1909, 400 pages.
Jean-Pierre Gross, « Saint-Just en mission. La naissance d’un mythe », Actes du colloque Saint-Just, Paris, Société des Études Robespierristes, 1968, p. 37-69.
Jean-Pierre Gross, Saint-Just, sa politique et ses missions, Paris, Bibliothèque nationale, 1976, 570 p.
Patrice Gueniffey, « Saint-Just, l’ange exterminateur », Les collections de L’Histoire : La Révolution française, la Liberté et la Terreur, no. 25, octobre-décembre 2004, p. 72.
Patrice Gueniffey, « Robespierre, itinéraire d’un tyran », L’Histoire, no. 177, mai 1994, p. 36-47.
John Hardman, Robespierre, Londres / New York, Longman, 1999 (2nd ed.: 2000), 236 p.
Marie-Hélène Huet, Mourning Glory: the Will of the French Revolution, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1997, 223 p.
Annie Jourdan, ed., Robespierre : figure-réputation, Amsterdam, Éditions Rodopi, « Annuaire d’études européennes-9 », 1996.
Albert Soboul, « Le mythe de Saint-Just (1767-1794) », Portraits de révolutionnaires, Paris, Messidor, 1986, p. 265-293.
Bernard Vinot, « Annexe : Saint-Just et l’histoire », Saint-Just, Paris, Fayard, 1985, p. 335-346.